Impôts
By Alpian15 mai 2025

Les impôts en Suisse pour les expats: de la clarté dans un système complexe

Bienvenue en Suisse: un pays de montagnes, de banques et… d’impôts.

Si vous vivez et travaillez ici en tant qu’expat, vous remarquerez vite que le système fiscal suisse n’a rien de simple. Il mêle clarté et complexité, équité et fédéralisme. Mieux vous le comprenez, plus vous pouvez éviter les erreurs et faire des choix financiers éclairés.

Ce guide vous aide à y voir plus clair dans la jungle fiscale.

Ce qui rend le système fiscal suisse unique

Ce qui distingue la Suisse, c’est qu’il n’existe pas de droit fiscal centralisé applicable à tout le monde. Trois niveaux (la Confédération, les cantons et les communes) prélèvent chacun leurs propres impôts. Chacun des 26 cantons a ses propres lois fiscales, ses taux, forfaits et déductions.

L’impôt fédéral direct sur le revenu est relativement modéré, avec un taux maximal de 11,5% appliqué de manière progressive. Mais ce sont surtout les impôts cantonaux et communaux qui font la différence et ils varient fortement d’un lieu de résidence à l’autre. Par exemple, en 2024, la charge fiscale moyenne pour un revenu moyen était d’environ 43% à Genève, contre seulement 23% à Schwytz. Si vous travaillez à l’international, votre choix de lieu de vie peut donc avoir un vrai impact financier.

Autre élément central du système fiscal suisse: l’impôt sur la fortune, appliqué au patrimoine net des personnes physiques. Contrairement à de nombreux pays où ce type d’impôt est rare, il fait partie des standards suisses. Selon le canton, le taux varie entre 0,1% et 1,0% par an. Il concerne surtout celles et ceux qui possèdent des avoirs financiers ou immobiliers importants, comme des comptes bancaires, des titres ou des biens à l’étranger.

Les gains en capital issus de la gestion privée de fortune, comme la vente d’actions, sont en principe exonérés d’impôt, à condition que vous ne soyez pas considéré comme un investisseur professionnel. Les revenus du capital récurrents (intérêts, dividendes) sont en revanche imposables comme du revenu.

Cette distinction est particulièrement importante pour les investisseurs étrangers qui s’installent en Suisse et cherchent un cadre fiscal avantageux pour leurs placements.

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Les expats doivent-ils payer l’impôt sur le revenu en Suisse?

Oui, les personnes de nationalité étrangère deviennent en principe imposables en Suisse dès qu’elles y ont une résidence fiscale ou qu’elles y séjournent pendant une durée minimale.

Concrètement, cela veut dire:

  • plus de 30 jours en Suisse avec une activité lucrative, ou

  • plus de 90 jours sans activité lucrative.

Dès ce seuil atteint, tous les revenus et avoirs mondiaux doivent être déclarés en Suisse. Cela inclut notamment:

  • les loyers perçus à l’étranger,

  • les participations dans des entreprises,

  • les biens immobiliers à l’étranger,

  • les revenus issus d’investissements.

Une large série de conventions de double imposition permet d’éviter que les revenus étrangers soient imposés deux fois. En pratique, certains revenus déjà imposés à l’étranger sont exonérés en Suisse mais ils entrent quand même en compte pour calculer le taux d’imposition applicable (on parle alors de "réserve de progressivité").

Pour les personnes qui s’installent en Suisse, cet effet peut être notable. Même si, par exemple, les dividendes étrangers ne sont pas imposés directement, ils peuvent faire grimper le taux appliqué au reste de vos revenus suisses.

Impôt à la source: quand s’applique-t-il et comment cela fonctionne?

La plupart des personnes étrangères nouvellement arrivées en Suisse et qui ne disposent pas d’un permis C sont soumises à l’impôt à la source. Cela signifie que l’impôt sur le revenu est directement prélevé sur votre salaire par votre employeur, puis reversé aux autorités fiscales.

Le taux d’imposition dépend du canton et prend en compte plusieurs critères:

  • votre état civil,

  • le nombre d’enfants à charge,

  • votre appartenance religieuse (dans les cantons où l’impôt ecclésiastique est perçu).

Par exemple, une personne célibataire sans enfants aura une déduction bien plus élevée sur son salaire brut qu’une personne mariée avec deux enfants, à revenu égal.

Dès que votre revenu annuel dépasse 120'000 CHF, vous êtes obligé de faire une déclaration d’impôts ordinaire. L’impôt à la source déjà payé est bien pris en compte, mais l’impôt final est alors calculé sur la base de votre revenu, de votre fortune et des déductions auxquelles vous avez droit.

Même en dessous de ce seuil, vous pouvez demander une rectification, notamment si vous avez eu des frais professionnels importants ou des charges exceptionnelles dépassant les montants forfaitaires.

Comment est calculé l’impôt sur le revenu en Suisse?

L’impôt est prélevé de manière progressive en Suisse, tant au niveau fédéral que cantonal. Autrement dit: plus vous gagnez, plus votre taux augmente. Cela dit, la progression varie d’un canton à l’autre.

L’impôt est calculé à partir du revenu imposable, c’est-à-dire votre revenu brut, après déduction des charges reconnues. Parmi elles:

  • les frais professionnels (déplacements, repas, formations),

  • les primes d’assurance (santé, vie),

  • les intérêts sur les prêts privés (dans certaines limites),

  • les obligations d’entretien,

  • les cotisations à la prévoyance liée (pilier 3a),

  • les déductions pour enfants ou personnes à charge.

Les dons à des organisations d’utilité publique sont aussi déductibles, à condition de dépasser un certain seuil et d’être faits à des institutions reconnues.

Si vous gagnez déjà un revenu imposable lors de votre première ou deuxième année en Suisse, cotiser à un pilier 3a peut vous apporter des économies fiscales significatives. Selon le montant versé et votre situation personnelle, vous pouvez économiser plusieurs milliers de francs par an.

Déclaration d’impôts: délais, obligations et questions fréquentes

Toutes les personnes étrangères vivant en Suisse ne sont pas tenues de remplir une déclaration d’impôts. Comme mentionné plus haut, l’obligation de taxation ordinaire dépend de votre statut de séjour et de votre niveau de revenu.

Vous devez remplir une déclaration d’impôts dans les cas suivants:

  • si vous gagnez plus de 120’000 CHF par an (même si vous êtes imposé à la source),

  • si vous possédez un permis d’établissement (permis C),

  • si vous êtes marié à une personne de nationalité suisse ou avec un permis C,

  • si vous possédez un bien immobilier ou exercez une activité indépendante.

La période fiscale correspond à l’année civile (du 1er janvier au 31 décembre). Dans la plupart des cantons, le délai de dépôt pour la déclaration d’impôts 2025 est fixé au 31 mars 2026. Il est possible de demander un délai supplémentaire – souvent gratuit jusqu’à fin juin, ou payant au-delà.

Vous devez joindre à votre déclaration ou garder à disposition les documents suivants:

  • le certificat de salaire de votre employeur,

  • les relevés bancaires (intérêts, soldes au 31 décembre),

  • les justificatifs de versements au 3e pilier (pilier 3a),

  • les contrats de bail et les justificatifs de frais professionnels,

  • les documents relatifs à des revenus ou avoirs à l’étranger.

Il est essentiel de remplir votre déclaration de manière complète et exacte. Les autorités fiscales suisses collaborent de plus en plus avec des sources de données internationales pour vérifier les informations sur le patrimoine mondial. Une erreur ou une omission peut entraîner une amende ou un redressement fiscal.

Quitter la Suisse: ce qu’il faut savoir côté fiscal

Votre obligation fiscale en Suisse prend généralement fin le jour de votre départ officiel. Mais certaines démarches sont nécessaires.

Vous devez signaler votre départ à la commune de résidence. En parallèle, il faut également remplir une déclaration d’impôts de départ, qui couvre les revenus jusqu’à la date de sortie du territoire et votre patrimoine actuel.

Une attention particulière s’impose si vous retirez des avoirs de prévoyance (caisse de pension ou avoirs de libre passage). Si vous les touchez avant l’âge légal de la retraite, ils sont soumis à l’impôt à la source en Suisse — généralement à un taux réduit, mais non négligeable.

Dans de nombreux cas, il est plus avantageux de transférer ces fonds sur un compte de libre passage et de les retirer plus tard, surtout si votre nouveau pays de résidence n’a pas signé de convention de double imposition avec la Suisse.

Conclusion: impôts en Suisse – soyez bien informé pour mieux agir

Le système fiscal suisse peut sembler complexe au début, mais il offre aussi de vraies opportunités d’optimisation. Restez informé: les lois fiscales évoluent, et chaque canton a ses particularités. Avec les bonnes connaissances, vous pouvez éviter les mauvaises surprises et prendre des décisions financières en toute confiance.

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