Analyse des marchés
Bourse
By Alpian8 août 2025

Le marché en un coup d'œil: Juste une illusion

Alors que l’été bat son plein, les investisseurs espéraient un peu de calme et, contre toute attente, ils l’ont obtenu. Le mois de juillet a apporté du soleil, de la sérénité et des rendements positifs sur la plupart des classes d’actifs. Mais quand les marchés se comportent aussi bien malgré le bruit géopolitique, une question se pose naturellement : est-ce le début de quelque chose de réel, ou simplement une illusion ?

Dans cette édition, nous explorons les raisons de cette résilience estivale des marchés. La vision économique de Trump prend-elle enfin forme ? Que se passe-t-il du côté des taux obligataires ? Et pourquoi les actifs numériques reviennent-ils sur le devant de la scène ? Nous analysons également la montée en puissance des stablecoins, et ce que cela pourrait signifier pour la domination mondiale du dollar américain.

Bonne lecture!

Le marché en un coup d'œil: Juste une illusion

Chanson du mois: “Just an illusion" de Imagination

C’est un rite auquel tout investisseur soumet, quel que soit son style de gestion, sa confession religieuse ou ses convictions. À la veille de son départ en vacances, il adresse une prière silencieuse aux dieux des marchés financiers :

« Faites qu’aucun événement ne vienne troubler mes congés annuels. ».

Je ne fais pas exception : il y a deux semaines, je me suis plié moi aussi à ce rituel. Et je dois dire que je n’étais pas mécontent de voir la prophétie de Trump, prononcée début juillet, « Les marchés sont au plus haut, et nous veillerons à ce qu’ils le restent », se réaliser. Il est toujours plus agréable de voir les marchés grimper lorsque l’on jette un coup d’œil à son téléphone depuis son transat.

Je sais aussi que s’en remettre aux dieux des marchés ou à Trump n’est pas une stratégie viable sur le long terme. Leur clémence est capricieuse, et il ne fait pas bon vivre trop longtemps dans un songe. Des marchés au plus haut malgré une nouvelle salve de tarifs ? Juste une illusion ou une réalité durable ? Ça sera le thème, et la référence musicale (Imagination, 1982, pour ceux qui ne l’aurait pas) de cette newsletter.

Points clés:

  • Les investisseurs ont prié pour un été calme et les marchés ont exaucé leur vœu jusqu’à présent. Malgré le bruit géopolitique, les actions sont restées résilientes. Juste une illusion ou le début d’un mouvement durable ?

  • Les actions américaines ont atteint de nouveaux sommets, tandis que l’Europe et la Suisse ont pris du retard, tout en affichant des performances positives en juillet.

  • La stratégie économique de Trump se précise, articulée autour de baisses d’impôts, de tarifs douaniers et de pressions sur la Fed pour faire baisser les taux. Mais la Fed résiste, et les rendements obligataires restent volatils.

  • Les actifs numériques reviennent sur le devant de la scène : le Bitcoin progresse de 8,3 %, l’Ethereum bondit de près de 50 %. Le pétrole rebondit, tandis que l’or marque une pause.

  • Le franc suisse s’est légèrement affaibli face à l’euro et au dollar, un recul bienvenu pour les investisseurs internationaux.

Ce qui s'est passé sur les marchés actions

Commençons par une revue rapide des performances. À l’heure où j’écris ces lignes, le S&P 500, l’indice phare américain, est à son plus haut historique, après trois mois de hausse quasi ininterrompue. La plupart des autres indices boursiers ont suivi, et les marchés émergents enregistre également une belle performance. L’Europe et la Suisse peinent à suivre le rythme, mais juillet a globalement été positif. Le constant que nous pouvons faire c’est que les investisseurs semblent s’être accommodés du jeu des tarifs.

Les politiques, les exportateurs et les journalistes, eux, beaucoup moins. La conclusion des accords entre Trump et l’Union européenne laisse un goût amer. La guerre commerciale a été évitée, mais à quel prix ? L’UE devra désormais composer avec un tarif de base de 15 % sur près de 70 % de ses exportations vers les États-Unis. Elle s’engage aussi à investir massivement aux États-Unis (600 milliards USD sur 3 ans, soit 1 300 USD par an et par Européen) et à acheter pour 750 milliards USD de produits énergétiques. Pas étonnant que les dirigeants européens subissent les foudres de la presse.

Si l’accord est globalement défavorable à l’UE, dissipons tout de même quelques illusions. La première porte sur les tarifs. Qui les paiera au final ? Les exportateurs ? Les importateurs ? Ou le consommateur américain? Toutes les recherches économiques sont unanimes : ce sont les entreprises importatrices et les consommateurs qui en supportent généralement le coût. Cela explique pourquoi l’administration américaine se satisfait souvent de tarifs modérés (10-15 %) et les utilise surtout comme outil de négociation.

Deuxième illusion, les achats d’énergie. La promesse européenne de doubler ses achats d’énergie américaine semble peu réaliste, compte tenu de l’offre limitée des États-Unis, des obstacles techniques et du faible pouvoir de l’UE sur les entreprises. Le véritable engagement contraignant reste donc celui des investissements massifs aux États-Unis.

Côté Suisse, nous attendons toujours de savoir à quelle sauce nous serons mangés. Après une première annonce, le 1er août, d’un tarif de 39 % qui a fait l’effet d’un feu d’artifice, il est probable que de nouvelles négociations s’ouvrent rapidement. Affaire à suivre.

Ce qui s'est passé sur les marchés des obligations

Une des raisons pour lesquelles le marché américain a retrouvé son rythme de croissance d’avant les élections pourrait être que la stratégie de l’administration Trump devient plus lisible. L’illusion du chaos se dissipe et la triangulation délicate que l’administration Trump cherche à maintenir apparaît :

  • rebâtir le modèle économique sur des fondations nouvelles et relancer l’économie

  • tout en contenant la dette et son coût (Pour rappel, la dette des Etats-Unis est colossale culminant à 37 trillions de dollar)

  • et en préservant le statut du dollar comme devise de réserve car il confère aux Etats-Unis des avantages incontestables sur la scène mondiale.

Le premier objectif a été atteint grâce à l’OBBBA (One Beautiful Big Bill Act), une loi récemment adoptée qui regroupe un vaste ensemble de mesures fiscales, budgétaires et sociales. Elle constitue le pilier central du programme économique du second mandat de Donald Trump.

Le second objectif, quant à lui, repose sur une stratégie combinant l’imposition de nouveaux tarifs douaniers et un bras de fer engagé avec le président de la Réserve fédérale, dans le but d’obtenir une baisse des taux d’intérêt.

À ce stade, la Fed et le marché obligataire résistent aux pressions présidentielles. De manière générale, les investisseurs estiment que les taux américains, relativement élevés, reflètent adéquatement le niveau de risque associé aux emprunts du gouvernement, notamment dans un contexte où de nouvelles mesures fiscales généreuses pourraient être introduites et où les tarifs douaniers risquent d’alimenter l’inflation. Le président Trump, pour sa part, conteste cette vision et considère que les taux devraient être significativement plus bas. Il convient de rappeler que des taux élevés compliquent le financement de la dette publique, déjà colossale.

Tant que ce bras de fer persiste, les rendements obligataires devraient rester volatils.

Quant au troisième objectif, le tour de prestidigitation pour y parvenir mérite qu’on s’y attarde.

Ce qui s'est passé sur les marchés des matières premières, des devises et des actifs numériques

L’administration recourt à deux cadres règlementaires encadrant l’usage des cryptoactifs pour parvenir à ses fins. À première vue, on pourrait croire que ces réglementations visent à freiner l’essor des cryptoactifs. Mais la manœuvre est bien plus subtile : il s’agit en réalité de réinscrire le dollar au cœur de l’écosystème des actifs numériques. Si, par décret, une partie des cryptoactifs (les stablecoins) devaient être adossée à du dollar ou à des bons du trésors, alors une demande pour les premiers entrainerait mécaniquement une demande pour les derniers préservant ainsi leur statut. Assouplissez au passage les contraintes sur les banques, et saupoudrez le tout d’innovation et le tour est joué.

En tous cas, les cryptomonnaies se portent bien. Le Bitcoin progresse de 8,3 % ce mois-ci, mais c’est l’Ethereum qui attire tous les regards, avec une envolée spectaculaire de près de 50 %.

Du côté des matières premières, le pétrole retrouve de l’élan, porté par une demande plus soutenue, tandis que l’or marque.

Enfin, sur le marché des devises, le franc suisse cède légèrement du terrain face à l’euro et au dollar. Ce repli, bien que modeste, pourrait s’avérer bénéfique pour les investissements internationaux.

Pour conclure, l’agenda des marchés financiers est toujours bien marqué par les annonces du président américain. Il n’y a bien sûr aucune garantie que sa stratégie fonctionnera. Mais les investisseurs semblent apprécier l’émergence d’une vision plus cohérente, évaluable, et inscrite dans le temps. Et si, en plus, les résultats des entreprises pour le deuxième trimestre restent globalement positifs, cela pourrait continuer à soutenir les marchés actions. Une approche sélective restera nécessaire pour identifier les marchés les plus résilients face à la stratégie de Donald Trump. Il pourrait également être judicieux de profiter de la faible volatilité actuelle pour intégrer des mécanismes de protection dans les portefeuilles. Mais pour l’heure, les perspectives ne sont pas si défavorables… jusqu’à la prochaine illusion, du moins.

Salle de démystification: Que sont les stablecoins et pourquoi sont-ils importants ? 

Les stablecoins sont une catégorie particulière de monnaies numériques conçues pour faire ce que la plupart des cryptomonnaies ne peuvent pas : rester stables. Contrairement au Bitcoin ou à l’Ethereum, dont la valeur peut varier fortement d’un jour à l’autre, les stablecoins sont conçus pour rester proches d’une valeur fixe, généralement celle d’une monnaie traditionnelle comme le dollar américain ou l’euro.

Imaginez un stablecoin comme une version numérique d’un billet de banque, mais que l’on peut envoyer instantanément, à toute heure, partout dans le monde, sans passer par une banque. Par exemple, 1 USDC (USD Coin) ou 1 USDT (Tether) est censé valoir exactement 1 dollar. Pour garantir cette stabilité, ces monnaies sont adossées à des réserves réelles : de l’argent déposé dans des banques, des obligations d’État américaines à court terme, ou d’autres actifs très sûrs.

Pourquoi est-ce important ?

Parce que les stablecoins jouent un rôle de pont entre le monde traditionnel de la finance et l’univers des cryptomonnaies. Ils permettent aux investisseurs de naviguer dans les marchés numériques sans subir la volatilité des autres cryptos. Ils facilitent aussi les paiements internationaux, les transferts d’argent, et l’accès à des services financiers dans des régions où les banques sont peu accessibles ou peu fiables.

Mais leur montée en puissance attire l’attention des régulateurs. Aux États-Unis, deux lois majeures, le Genius Act et le Clarity Act, visent à encadrer les stablecoins. L’objectif n’est pas de les interdire, mais de les intégrer dans le système financier officiel. Ces lois pourraient, par exemple, exiger que les stablecoins soient adossés uniquement à des dollars ou à des bons du Trésor américain, et émis par des entités soumises à une surveillance réglementaire stricte.

Quel est l'impact ?

Parce que si les stablecoins deviennent largement utilisés et légalement tenus de détenir des réserves en dollars, cela pourrait renforcer le rôle du dollar dans l’économie numérique mondiale. Chaque transaction en stablecoin créerait une demande indirecte pour le dollar et pour la dette américaine, un moyen discret mais puissant de préserver l’influence monétaire des États-Unis.

En résumé, les stablecoins ne sont plus de simples curiosités technologiques. Ils deviennent un outil stratégique, une innovation financière, et un nouveau terrain de régulation, au croisement du numérique et de la géopolitique.

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